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Chic,choc et charme



mardi 29 novembre 2011

DES ENFANTS SAGES AUX ENFANTS SAUVAGES


Méfiez vous des enfants sages Cécile Coulon ....des ceux-ci aux enfants sauvages,il n'y a qu'un pas que cette jeune auteure a franchi

LE MANIFESTE DES ENFANTS SAUVAGES





Jamais personne ne pourra dire que nous sommes restés silencieux.



Puisque la lumière peut frapper le pire, en faire jaillir le meilleur, puisque personne n’épuise les forces de ceux qui n’ont rien à prouver et tant à offrir, puisque le monde regorge de beautés sordides et d’humanités divines, nous ne voulons pas baisser les yeux comme de vieux chiens fatigués d’avoir longtemps couru, nous ne pouvons pas travestir nos principes, les déguiser quand la tendance nous l’ordonne. Nos vices sont simples, nos caresses aussi, nous savons qui nous sommes et nous saurons qui vous êtes. Quand la musique n’est plus, des voix hurlent, des cordes grincent, des vents soufflent en nous plus fort, toujours plus fort, encore plus fort, jusqu’à ce que les douleurs se taisent enfin, tranchées par des mains de fer, jetées à ceux qui ne se doutent pas que nos drapeaux se sont levés plus haut pour ne jamais redescendre.



Il n’est jamais trop tard pour comprendre que des pièges ont été posés à l’intérieur même de nos cages. Aujourd’hui, nos ailes sont lisses et soyeuses et refusent de se battre. Nos estomacs n’ont pas connu la faim, au contraire. Lourds et pleins, voilà ce que nous sommes devenus. Pourtant, nous avons soif, nos gueules ouvertes ont séchés, nos cerveaux comprimés respirent comme des enfants malades. Nos plumes, ce sont des pierres. Longtemps, nous avons cru qu’il existait une vérité suprême ; maintenant notre unique combat ressemble à l’animal qui se dévore lui-même.



Assez.



Avant de vouloir changer le monde, épuisons-nous : ce que nous sommes capable d’accomplir dépasse notre pouvoir d’imagination. Il n’y a pas de honte à connaître ses limites, mais cessons d’appeler courage le simple fait de les franchir. La force ne suffit pas, l’amour non plus. Le désir est un moteur qui s’essouffle trop vite pour que l’on puisse s’y fier. La confiance est un instrument toujours mal accordé, l’affection un amour tiède et sans profondeur. Nos familles explosent, nos lits sont défaits, nos draps sales et troués abritent des hommes incapables de grandir, effrayés par la vieillesse, alors qu’ils sont nés avec des rides pleins les entrailles et des cadenas autour des aortes. Embourbés dans la paresse, la bouche pleine des boyaux d’idées cent fois reçues et cent fois renvoyées, ils vivent avec nous, sur nous, en nous, ils prennent la place de nos émotions, ils s’insinuent dans nos discours, ils font l’amour quand nous dormons et accouchent d’êtres monstrueux qui naissent avec un gésier à la place du cœur.



Puisqu’il ne suffit pas de résister pour se sentir vivant, puisque croire en l’homme ce n’est pas lui faire la guerre mais lui procurer la paix, puisque rien ne peut détruire la puissance de ce qui nous paraît juste, nous voulons boire à la source de la joie, régner avec sagesse sur nos univers intérieurs avant de donner des leçons à nos voisins. Ces mots ne demandent rien, n’inventent rien, ne proposent rien. C’est un souffle, un corps sans arme et sans défense, un point d’interrogation dont la courbe ressemble à la corde d’un pendu qu’une main bienveillante aurait dénouée.



Et puisque nous savons que marcher derrière ou à l’avant du troupeau ne signifie pas que nous cessons d’en faire partie, nous ne sommes sûrs de rien. Pourtant, il est hors de question que nous nous contentions d’exister : nous voulons vivre, une bonne fois pour toutes.



Cécile Coulon

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